Un maire en première ligne face aux émeutes, avec Charles Aslangul.

Charles Aslangul est le maire Les Républicains de Bry-sur-Marne depuis 2020. Il nous décrit la cellule de crise qui lui a permis de suivre la nuit dernière et revient sur sa décision d’instaurer un couvre-feu dans sa commune.

Propos recueillis par Bartolomé Lenoir.

Une Certaine Idée : Comment s’est passée la nuit dernière ?

Charles Aslangul : C’était une nuit très tendue dans la mesure où c’est la première fois que Bry-sur-Marne doit affronter des émeutes urbaines. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire de la commune. Avec un groupe d’une quarantaine d’individus, armés de barres de fer, qui ont commencé à allumer des feux de poubelle et de mobilier urbain, semble-t-il pour attirer les forces de l’ordre. Cela n’a visiblement pas fonctionné et ils sont donc descendus dans le centre-ville : ils ont tiré des mortiers sur la mairie, puis sur le poste de police municipale, avant de se rendre dans la grande rue commerçante, pour saccager une épicerie.

UCI : Comment suivez-vous concrètement les événements ?

CA : On réunit une cellule de crise, qui se trouve au poste de police municipale. Je suis entouré du directeur général des services, de mon cabinet, du directeur de la police municipale, dans le Centre de Supervision Urbain, avec des écrans reliés aux caméras de la commune. Et c’est ainsi qu’on peut prendre les décisions au fur et à mesure des événements.

UCI : Comment pouvez-vous agir ?

CA : La BAC est venue en soutien de la police municipale, et elles ont été victimes de tirs de mortier dans les rues. Je salue le grand professionnalisme et le sang froid remarquable des agents de la police municipale et de la police nationale : ils sont parvenus à contenir l’émeute et à la faire quitter la ville. Voir le savoir-faire des forces de l’ordre est rassurant au milieu de ce chaos.

UCI : Comment anticipez-vous les prochains jours ?

CA : J’ai pris tout d’abord un arrêté de couvre-feu, de 23h à 6h, qui se déclenche cette nuit. Il ne s’agit pas d’embêter les honnêtes citoyens mais de les protéger : la police a besoin de ne pas avoir d’honnêtes citoyens pris dans les émeutes, ce qui compliquerait la gestion de l’émeute. Ce qu’on réclame surtout, c’est beaucoup de plus de moyens encore. On a bien vu en Île-de-France que l’État était débordée, et nous ne pouvons pas tenir seulement avec la police municipale. L’État doit prendre ses responsabilités.

UCI : Quel regard général portez-vous sur les nuits d’émeute que nous vivons ?

CA : Cela en dit long sur l’état de délitement de la société française. Et sur les banlieues. Cela fait des années qu’on alerte sur une situation presque hors de contrôle. On le savait. Les quartiers sont minés par la violence, le trafic de drogue, et l’islamisme aussi. Nous étions sur une cocotte-minute, et nous faisions semblant de ne pas le voir. Il faut désormais vraiment que nous agissions.

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