
Cet été, Une Certaine Idée a choisi de parler de la France à travers la diversité de ses territoires, portés par l’engagement de leurs élus. Isabelle Le Callennec, maire de Vitré (Ille-et-Vilaine) et conseillère régionale, évoque les richesses historiques, culturelles et patrimoniales de la Bretagne ainsi que ses nombreux atouts, notamment économiques.
_
Basco béarnaise par mon père, Bretonne par ma mère, fière de mes racines puisées au cœur de territoires à forte identité, j’ai grandi à Rennes et n’ai eu de cesse de vouloir revenir dans ma région après mes études et premières expériences professionnelles en Picardie puis Paris. Mon objectif : servir ma région et y voir s’épanouir ma famille.
La Bretagne aurait la cote. Elle attire des entrepreneurs, des salariés, des étudiants, des retraités, des touristes…
Avec ses paysages, sillonnés par 30 000 km de rivières et 2 730 km de côtes, la Bretagne est un territoire à part, aux découvertes inépuisables. Ses paysages et son climat – aujourd’hui recherchés ! sont caractéristiques d’une région à la fois maritime et terrestre (Armor et Argoat) : dunes et falaises, landes et tourbières, forêts. C’est ainsi que la Bretagne a de tout temps inspiré des peintres renommés : Gauguin, Matisse, Corot, Renoir, Boudin, Monet.
Son patrimoine architectural (plus de 80 châteaux publics ou privés ouverts à la visite – dont le château fort de Vitré ou celui de la Marquise de Sévigné), bâti (141 maisons à Pan de bois classées), religieux (chapelles, Abbayes, cathédrales, enclos et calvaires paroissiaux) contribue à sa réputation de territoire d’exception. Elle possède un patrimoine immatériel unique avec la musique, la danse, les contes, les légendes et les langues de Bretagne. Sans oublier son drapeau le Gwenn ha du et son hymne le Bro gozh ma zadoù (Vieux pays de mes pères).
En conséquence, la fréquentation touristique augmente chaque année. C’est la quatrième plus forte progression des régions françaises, derrière les Hauts-de-France, la Normandie et le Centre-Val de Loire. Les quatre cinquièmes des vacanciers viennent des autres régions françaises. Ils apprécient plus particulièrement les activités nautiques et les randonnées à pied ou à vélo sur les voies vertes de niveau régional, national (V42 Saint Malo – Arzal et V45 Roscoff – Nantes) et européen (La Vélodyssée V1 et La Vélomaritime V4). À consommer sans modération.
“L’histoire, riche, de la Bretagne, contribue aussi à sa singularité”
Les gros festivals restent un facteur d’attractivité reconnu. Les Vieilles Charrues à Carhaix en juillet, le Festival de Cornouaille à Quimper qui a fêté ses 100 ans cette année et choisi sa Reine, le Festival du Chant de marin à Paimpol (150000 spectateurs) du 4 au 6 août, ou encore L’interceltique à Lorient du 4 août au 13 août… restent parmi les plus connus… et courus !
L’histoire, riche, de la Bretagne, contribue aussi à sa singularité. Le néolithique l’a marquée avec des sites comme le cairn de Barnenez, le cairn de Gavrinis, la Table des Marchands de Locmariaquer ou les alignements de Carnac. Les premières traces des Celtes remontent à l’âge du fer, vers -800. La Bretagne a été habitée par des peuples gaulois, avant que ses territoires ne soient conquis par Jules César en 57 av. J.-C. C’est à Nominoë, souverain de Bretagne de 845 à 851 que l’on doit la naissance d’une Bretagne unifiée. Un pouvoir autonome émerge lors des XIVème et XVème siècles, qui mène une politique d’indépendance vis-à-vis du royaume de France, mais qui aboutit finalement à l’union de la Bretagne à la France en 1532.
Le traité de Vannes, signé le 4 août entre François Ier et les États de Bretagne, transforme le duché en une province française, qui conserve néanmoins une relative autonomie, bénéficiant d’institutions propres. Autonomie aujourd’hui encore revendiquée, à l’instar des Corses, des Basques ou des Alsaciens.
S’en suivent des années de modernisation de l’agriculture mais aussi d’émigration (à partir de la fin du XIXème siècle) puis la participation de la Bretagne à l’effort des guerres du XXème siècle, à l’image des marins de l’Ile de Sein refusant l’occupation qui rejoignent le Général de Gaulle à Londres fin juin 1940, ce qui lui fera dire « l’île de Sein, c’est donc le quart de la France ! ».
L’après-guerre verra la poursuite de la modernisation de l’agriculture sous l’impulsion de la JAC (Jeunesse agricole catholique) ainsi que le développement de l’industrie agro-alimentaire. La croissance du secteur est favorisée par la Politique agricole commune qui garantit les prix et les aides aux exportations. La pêche connait le même essor avec un tonnage qui double entre 1947 et 1958 mais une diminution par deux du nombre de marins au fur et à mesure du renouvellement de la flotte.
“S’en suivent […] la participation de la Bretagne à l’effort des guerres du XXème siècle, à l’image des marins de l’Ile de Sein refusant l’occupation qui rejoignent le Général de Gaulle à Londres fin juin 1940”
La région bénéficiera du premier plan de développement régional, ce qui permettra le lancement de grands chantiers publics (usine marémotrice de la Rance, plan routier breton, plan d’automatisation du téléphone, centre national d’études des télécommunications…) et des délocalisations d’activités industrielles vers la Bretagne, à l’exemple de l’usine Citroën de la Janais considérée comme la plus grande usine automobile d’Europe, sur 250 ha – il n’est pas question de ZAN à l’époque ! –
Aujourd’hui, la Bretagne administrative compte 3,4 millions d’habitants. Sa population est en hausse. A l’horizon 2030, elle pourrait compter 3,6 millions de résidents, ce qui lui impose de résoudre la crise actuelle du logement. Elle se situe en septième position parmi les régions françaises pour la richesse créée par son activité économique et à la deuxième place pour le plus faible taux de chômage avec 5,7%, grâce aux chefs d’entreprises particulièrement attachés à leur territoire. Son maillage territorial, composé de métropoles et de villes moyennes fait sa force.
Les défis de la Bretagne ? Ils sont démographiques, économiques, environnementaux et sociétaux. Les relever exige, entre autres, d’améliorer l’efficacité de l’action publique. D’où mon engagement en faveur de plus de décentralisation-déconcentration mais aussi plus d’autonomie financière et un retour de la Droite en Bretagne. Irréductibles Bretonnes et Bretons…
Isabelle Le Callennec