
Chers amis d’Une Certaine Idée,
Pour conclure notre série estivale, j’ai voulu vous emmener sur les chemins des Alpes-Maritimes où, de Saint-Martin-Vésubie à Nice, des pentes de nos montagnes aux rives de la Méditerranée, afin de vous évoquer mes racines et l’importance de l’enracinement pour mieux construire la France de demain.
Je remercie vivement Laurent Wauquiez, Annie Genevard, Nicolas Florian, Rachida Dati, Isabelle Le Callenec, David Lisnard, Jean-Paul Fournier et Bruno Retailleau pour avoir contribué à cette passionnante série estivale qui nous a fait voyager sur toutes les terres de France.
Bonne fin d’été à tous.
Au cours de l’été, du Puy-en-Velay à la Vendée, de Paris à Cannes, de Nîmes à Bordeaux, de la Bretagne au Haut-Doubs, Une Certaine Idée nous a fait voyager sur les routes de France. Cette évocation de nos territoires, par des élus engagés à leur service, nous a rappelé la force et l’importance de l’enracinement.
“Car l’amour de la France n’est pas une idée platonique mais une réalité charnelle, qui s’incarne tout particulièrement à travers toutes les petites patries dont notre grande Nation est constituée.”
Pour être utiles à notre pays, il nous faut naturellement le connaître et, pour cela, nous devons planter solidement nos pieds dans sa terre, fixer nos yeux sur ses paysages et notre fierté dans son passé. Car l’amour de la France n’est pas une idée platonique mais une réalité charnelle, qui s’incarne tout particulièrement à travers toutes les petites patries dont notre grande Nation est constituée.
Pour ma part, cette petite patrie a pour nom les Alpes-Maritimes, un territoire unique où la montagne plonge dans la mer et où les Alpes se marient à la Méditerranée. Je suis l’enfant de ces racines à la fois montagnardes et maritimes : enfant de Nice et de Saint-Martin-Vésubie, je suis – comme beaucoup de Niçois – le fruit de cette union si forte entre Nice et ses vallées du haut pays.
Je ne connais pas de plus grande chance que d’être l’élu de cette terre exceptionnelle : conseiller départemental du canton qui abrite nos plus hautes montagnes et député de la capitale de la Riviera et de sa légendaire promenade des Anglais.
Berceau de mon enracinement, mon village de Saint-Martin-Vésubie, entouré de forêts et de sommets, est un sanctuaire de traditions et de sérénité, où la générosité intrinsèque à l’identité méditerranéenne se transmet de générations en générations. Au milieu des pires tourments de notre histoire, il ne s’en est d’ailleurs pas détourné, protégeant des Juifs de la barbarie nazie : en 2016, Saint-Martin-Vésubie a été officiellement reconnu comme Juste Parmi les Nations.
“À Saint-Martin-Vésubie comme à Nice, je retrouve des Français ardents à assumer leur identité et fiers de leurs racines.”
Quant à Nice, le général de Gaulle disait d’elle, dans son discours, place Masséna, le 9 avril 1945, qu’elle « n’a jamais renoncé à elle-même, ni renoncé à la France ! »
« Nice libérée, Nice fière, Nice glorieuse », comme l’appelait alors le chef de la France libre, est une ville passionnément française, tout étant la plus jeune d’entre toutes, puisque française seulement depuis 1860. Toute son histoire se sera écrite entre France et Italie.
Résolument indépendante, trait d’union entre deux Nations sœurs, située entre monts et marées, vivant entre traditions et modernité, Nice est une ville héroïque, traversant les siècles sans se trahir ni se renier, terreau d’une galerie de héros qui lui font honneur, de Catherine Ségurane, la madone du siège de 1543, à Giuseppe Garibaldi, le condottiere de l’unité italienne, en passant par le maréchal Masséna, l’enfant chéri de la victoire, du surnom que l’Empereur lui-même lui donna.
Les couleurs vives de ses rues comme de ses coutumes et de sa gastronomie, toutes deux inlassablement promues et défendues, et la majesté de ses paysages expliquent aisément pourquoi Nice fut un haut-lieu de la vie artistique française, où – entre autres – Henri Matisse, César, Marc Chagall ou Auguste Renoir vinrent héberger leur génie.
À Saint-Martin-Vésubie comme à Nice, je retrouve des Français ardents à assumer leur identité et fiers de leurs racines. Les Alpes-Maritimes ne sont pas une terre d’oubli mais de fidélité.
Elles n’oublient pas notamment cette nuit de fête endeuillée, le 14 juillet 2016, lorsque la monstrueuse barbarie du terrorisme islamiste vint faucher tant de vies innocentes. Meurtris, notre département et la ville de Nice ont tiré de ce drame une volonté redoublée à vivre librement et tels que nous sommes.
“Retrouvons donc la fierté d’être Français en retrouvant les chemins du beau et du grand.”
Dans nos villes et nos villages, la liberté n’est pas seulement inscrite aux frontons des bâtiments mais gravée au fond de tous les cœurs. Liberté aussi de vivre au grand soleil de traditions immémoriales qui nous rappellent d’où nous venons et ce que nous devons à l’héritage chrétien sur lequel la France et l’Europe entière se sont construites. Qu’il s’agisse des nombreuses processions niçoises, à l’occasion de la fête du Vœu, ou des fêtes de Saint-Pierre ou de Sainte-Réparate, ou du sanctuaire de la Madone de Fenestre, à Saint-Martin-Vésubie, haut-lieu de la spiritualité mariale niché dans un cirque montagneux et dominé par le mont Gelas, point culminant des Alpes-Maritimes.
« Tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a fait belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande. »
Sur les bancs de l’école de la République, des générations d’écoliers ont lu ces mots d’Ernest Lavisse sur la couverture de leurs manuels d’histoire, comme un rappel quotidien à ce devoir civique fondamental qu’est l’amour de la Patrie.
L’ivresse du temps présent nous laisse parfois croire que nous pourrions nous dispenser des devoirs que nos devanciers ont si scrupuleusement honoré : ne cédons pas à cet orgueil. Aimer son pays ne relève d’aucun fanatisme dérisoire ou suranné mais d’une impérieuse nécessité, car l’amour de la Patrie est un antidote à la fragmentation.
Retrouvons donc la fierté d’être Français en retrouvant les chemins du beau et du grand. Loin du cynisme vulgaire dont certains se drapent pour toute personnalité, nous devons renouer avec l’enthousiasme admiratif que la France ne manque jamais de susciter.
Défions-nous de ne jamais devenir des Français habitués, oublieux de la chance de vivre sur ces terres d’exception, qu’elles soient au nord ou au sud, à l’est ou à l’ouest, ou au-delà des mers.
Partout, nous trouvons des traces d’une histoire dont nous n’avons pas à rougir et le spectacle époustouflant d’une nature superbe. Partout, nous trouvons l’héritage de tant de beautés et de tant de grandeurs. En tous points de notre territoire, dans la diversité de nos régions et de nos terroirs, sous mille formes : c’est toujours la France qui rayonne.
Dans le rythme de nos accents, dans les saveurs de nos cuisines, dans les couleurs de nos paysages, dans la pierre de nos monuments, c’est la France qui s’exprime : c’est la France qui vit.
Éric Ciotti