La lecture de la semaine est celle du récit de Georges Fenech que Pierre Danon et Edouard de Castellan nous commentent.
Notes sur Pierre Danon : Aujourd’hui membre du Bureau politique des Républicains, Pierre Danon est un chef d’entreprise français, actionnaire principal et Président du Conseil d’administration de ProContact, Centre d’appel pour les PME françaises. De 2014 à 2017, il aura aussi été le directeur adjoint de la campagne présidentielle de François Fillon.
La fiche lecture : Dans une France en pleine effervescence sociale et judiciaire, Georges Fenech, un ancien juge d’instruction et député, nous livre, dans “La responsabilité des juges et des politiques”, une analyse percutante invitant ses lecteurs à se plonger dans les méandres de la fracture sécuritaire du pays.
D’emblée, Fenech nous confronte à la normalisation de la violence dans le quotidien des Français qui ne se limite plus au traditionnel règlement de comptes entre bandes rivales ou émeutes urbaines : la quasi-majorité des indicateurs de la délinquance en France sont en hausse, et notamment ceux relatifs à la criminalité violente. L’auteur en analyse les racines et les ressorts.
Fenech remet notamment en cause la doxa aveuglément poussée par la gauche, que la pauvreté est la cause directe de la criminalité. Selon lui, c’est la criminalité qui nourrit la pauvreté dans les quartiers défavorisés, et non l’inverse.
Progressant dans l’analyse du système judiciaire hexagonal, le lecteur relate l’évolution de la mentalité des juges depuis le tournant de 1968 avec la création du syndicat de la magistrature. Pour illustrer ces propos, Fenech révèle comment certains magistrats ont dérivé de la neutralité judiciaire à une position partisane assumée au travers de l’exemple de la harangue d’Oswald Baudot aux élèves magistrats. Cet exemple rappelle une réalité : le socle républicain est depuis des décennies sapé de manière assumée par certains magistrats dont un quart sont au syndicat de la magistrature.
Enfin, dans la dernière section de son ouvrage, Fenech aborde le sentiment d’impunité grandissant propre à la France, aggravé et alimenté par la pénurie de places de prison, ce qui rend difficile l’application de politiques de peines courtes. L’exemple de la Hollande illustre l’efficacité de ces politiques dans la réduction de la criminalité. La nécessité d’améliorer notre politique pénitentiaire comme moyen de réduire la délinquance est pourtant au cœur du débat depuis des années. Mais comme le dit l’auteur, dans une intervention récente, « les politiques n’ont pas eu le courage de s’opposer à l’emprise idéologique du Syndicat de la magistrature sur la Justice et nous en payons le prix aujourd’hui[1] ».
Tout au long de son œuvre, Fenech ne se contente pas de critiquer ; il explore les causes profondes de ces problèmes systémiques et appelle à un engagement politique fort pour remédier à ces maux. Il plaide pour une approche plus réfléchie et équilibrée dans l’administration de la justice, soulignant l’urgence de restaurer la confiance entre les citoyens et cette institution.
Il dénonce également les lâchetés d’une partie de la classe politique tétanisée par une bienpensance portée par cette fraction absolutiste de la magistrature : cela met en lumière la nécessité d’un changement radical pour rétablir l’ordre social autour du pacte républicain. “L’ensauvagement de la France: La responsabilité des juges et des politiques” est une réflexion sur les complexités du système judiciaire et social français, et sur le rôle crucial des politiques dans la réorientation du système judiciaire. Fenech plaide pour une intervention décisive qui pourrait mettre fin à des décennies de dérive et restaurer un sentiment de justice dans la société.
[1] https://atlantico.fr/article/decryptage/georges-fenech-les-politiques-n-ont-pas-eu-le-courage-de-s-opposer-a-l-emprise-ideologique-du-syndicat-de-la-magistrature-sur-la-justice-et-nous-en-payons-le-prix-aujourd-hui
